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Reçut de moi un coup de tête qui le laissa sanguinoles.
Il accepta de me prendre comme apprenti chez lui quoique avec une certaine appréhension. Il avait en effet expérimenté violemment ma turbulence.
Quelques jours après, mon père me traîna par la main jusqu’au salon de coiffure. J’ai entendu haj Zouak chuchoter quelques paroles dans l’oreille de mon père qui me laissa là, sans un mot d’explication et parti comme un ombre.
Haj Zouak me demanda de commencer par balayer le salon. Puis d’essuyer les ciseaux et les rasoirs le soir, il me demanda de mettre de l’ordre et de fermer le salon. Il parait que c’est ainsi qu’on devient un bon coiffeur. Surtout, je devais reprendre le travail le lendemain de très bonne heure. Je sui rentré à la maison déçu et triste.
Le lendemain, j’ai traîné les pieds pour arriver au salon. Et, bien entendu, les ciseaux étaient mal essuyé, et les miroirs tout poudreux. Je rechignais à balayer par terre, et j’ai cassé quelques verres. Haj Zouak à bout de patience,me supporta encore une petite semaine et fini par demander à mon père de me trouver un autre métier.
On me plaça bien quelque temps chez un serrurier mais cette seconde tentative connut le même sort.
Mon père se décida pour un ultime essai. Il me pris dans son magasin de babouches. Je devais participer à la vente avec le delal , un vendeur à la criée. Mais travailler avec son propre père n’est pas une sinécure.
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Je ne pouvais supporter le contrôle paternel et à la maison. J’ai tout fait pour saboter le travail.
C’est alors que j’ai entendu mon père prononcer cette sentence qui resta gravée dans ma mémoire pour la vie. <<Ce gosse ne sert à rien et ne sait rien faire. Dans ce cas, il vaut mieux le mettre dans une école .Au moins pour passer le temps>>.
Est c’est ainsi que, un matin, de guerre lasse, mon père me traîna à l’école franco musulmane de Tétouan pour m’inscrire. Je dois ainsi ma première inscription dan une école et mon éducation au fait que je ne savais rien faire et que je ne voulais rien faire et que je ne servais à rien, selon les normes et les coutumes d’alors.
L’école franco musulmane était un bâtiment tout ce qu’il y a de plus difforme. A deux pas de Sidi Saidi, le saint de la ville de Tétouan. Elle se détachait fortement, dans une ruelle plutôt classique et calme, par sa haute muraille en briques rouge délavé, le bruit de sa cloche sans aucune harmonie et les cries permanents des enfants qui semblaient toujours en récréation .A l’intérieur se trouvaient trois cours, dont deux cimentées et une en terre battue. A l’une des extrémités se trouvait la maison du gardien, Ayachi, l’homme le plus important, celui qui secondait le directeur, M. Dufour, et qui paradoxalement, dépassait en importance maîtres et surveillant.
Au milieu de la cours centrale trôner le bureau du directeur. Pour y accéder, on devait monter des Escaliers